Galerie Simoncini - galerie d´art contemporain à Luxembourg

Guy Michels

peintures / dessins

Jeannot Lunkes

Né à Drauffelt, Luxembourg
Vit et travaille à Bergem, Luxembourg et à Puyvert (Luberon), France

Les figures de Michels sont captives, enserrées dans un lourd étau d'entraves et de jougs, mises en scène, en pierre ou en bière dans une terrifiante imagerie de la claustration. Introduisant une autre exposition ala galerie Simoncini (2007), Paul Bertemes relevait «der Mensch als Silhouette gefesselt, der Freiheit beraubt, wie eine Mumie eingebunden». Il soulignait ces «skizzenhaft angedeutete, im Raum hängende, gekreuzigte, in Behälter eingezwängte Körper - der Mensch entwürdigt, eingeschlossen in eine morbide, diffuse Räumlichkei», pour conclure que «nirgendwo ist überall, Fluchtwege sind ausgeschlossen». 

Les «eingezwängte Körper» font songer à la légende d'Antigone, enterrée vivante par Créon le rai de Thèbes. Ou, pour qui préfère des référents cinématographiques aux récurrents mythologiques, à cette pratique de la mafia consistant à couler ses ennemis dans le béton de quelque chantier en voie d'achèvement. Contre quelle mafia Michels est-il en lutte? De quel mal ses toiles sont-elles la métaphore, et de quelle emprise ses figures sont-elles captives?
Michels, qui lors de ses séjours en Provence se plait à saluer la tombe d'Albert Camus, figure un homme «absurde», et pourrait faire sien le décret selon lequel «aucune morale, aucun effort ne sont a priori justifiables devant les sanglantes mathématiques de sa condition». Il y a de la sidération dans ses toiles, de l'accablement et de la stupéfaction, comme si ses figures suffoquaient sous le poids de leur propre étrangeté. C'est, cependant. la sidération qui prélude aux grands ébrouements: dans l'absurde camusien Michels puise la sève d'une insurrection, et son homme absurde bien vite devient homme révolté, Révolté face a «une société de plus en plus technocratique et autoritaire, dans laquelle la désintégration de l'autonomie individuelle et de la personnalité avancent à grands pas», Michels, qui par ailleurs cite André Gide - de monde ne sera sauve, s'il peut, que par les insoumis» - se dit en résistance pour sa part face a «une société de l'asservissement et de la déculturation», Les chiffres et lettres dont il parsème ses toiles sont des signifiants de cet asservissement, de la "bureaucratisation», de la mise en fiches, de la mise en boite et, in fine, de I'«extermination» de l'homme. 


Texte: Gaston Carre, Extrait du livre: Un homme et son œuvre, Imprimerie Centrale 2009


Site internet: www.guymichels.lu
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